定, 宜莊
Histoire orale de la ville de Pékin
J’ai entrepris à titre expérimental d’utiliser les méthodes de l’histoire orale pour faire revivre les cent dernières années de Pékin. J’ai choisi de traiter le sujet de mon propre point de vue, c’est-à-dire à partir de mon expérience et mon histoire personnelle. Bien sûr, pour comprendre l’histoire d’une ville aussi riche, il faudrait non seulement s’appuyer sur des centaines d’entretiens et, en plus, compulser un grand nombre de documents afin de croiser les sources écrites et la mémoire orale. C’est dans cette direction que je m’efforce d’aller. Les questions théoriques relatives à l’histoire orale et sa méthode sont en Chine dans leur première phase d’élaboration. Les recherches en Occident, et en particulier en France, sont probablement beaucoup plus avancées. Ces dernières années, les travaux sur l’histoire de la ville de Pékin ont surtout été le fait d’historiens géographes intéressés à l’urbanisme ; d’autres publications, très nombreuses, appartiennent davantage à la vulgarisation et n’entrent pas dans le domaine scientifique. D’une façon générale, les recherches sur l’histoire de Pékin sont passablement en retard par rapport à celles qui concernent des villes plus récentes comme Shanghai, Wuhan ou Chongqing. Certes, quantité d’ouvrages sur les ruelles de Pékin, les hutong, ont été publiés, mais ils se limitent tous à une présentation de leurs noms, de leur histoire, des gens célèbres qui y ont vécu ou des anecdotes qui les concernent, sans s’intéresser à la vie des habitants ordinaires, à leurs souvenirs, leurs sentiments, alors que c’est justement eux qui composent le visage et l’âme de la ville.