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Entre routine bureaucratique et passion du métier sur la pratique médicolégale en Chine à l’époque des Qing
Comme tant d’autres choses en Chine, la médecine légale peut se prévaloir d’une très longue histoire. Certains documents administratifs découverts dans des tombes révèlent que les fonctionnaires locaux du début de l’ère impériale, sous les dynasties des Qin (221-206 av. J.-C.) et des Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.), pratiquaient déjà l’examen systématique des victimes d’homicides ou des personnes mortes dans des circonstances peu claires dans le but de déterminer les causes exactes du décès. A vrai dire nous en savons assez peu sur les principes, les techniques et les règlements qui régissaient la médecine légale en Chine à cette époque, et de même pendant les siècles suivants, ce qu’on est convenu d’appeler l’époque médiévale. En revanche la situation change du tout au tout avec la dynastie des Song (960-1269). Il est clair alors que la pratique médicolégale a atteint un niveau élevé de sophistication ; et si on peut l’affirmer, c’est sur la foi du premier manuel de médecine légale qui nous ait été conservé, le Xiyuan jilu (« Textes réunis pour laver les injustices »). Song Ci (1186-1249), son auteur, était un fonctionnaire judiciaire de la fin des Song du Sud, et la préface qu’il a donnée à son oeuvre date de 1247. Comme l’indique son titre, et comme le confirme sa préface, le Xiyuan jilu tirait une partie de sa substance de textes plus anciens, aujourd’hui perdus. On considère en général que la procédure suivie pour les autopsies à l’époque des Qing, qui nous concernera ici, tout comme les formulaires et les diagrammes utilisés pour rendre compte des observations faites, remontent à l’époque des Song du Nord (960-1127) et ont été mis au point sous les Song du Sud. [...]